2015 06 24 LE CONNEMARA

LE CONNEMARA  ( suite )

KYLEMORE ABBEY

KYLEMORE  ("Grand Bois" en gaélique) est un ancien château converti au XX° s. en abbaye par des soeurs bénédictines de l'abbaye d'Ypres en Belgique. Cette congrégation avait fui l'Irlande quelques siècles plus tôt suite aux persécutions dont étaient victimes à l'époque les catholiques et avait trouvé refuge en Belgique; ironie du sort, en 1918, fuyant la guerre qui sévissait toujours en Europe, les soeurs d'origine irlandaise se réfugient cette fois dans leur pays et s'installent au château  de Kylemore qu'elle transforme en abbaye et en collège d'enseignement pour jeunes filles. Depuis 2010, elles ont ouvert leurs portes au tourisme pour développer leur affaire, produisant et vendant des produits artisanaux, etc.

DANS CE PAYSAGE DÉSERTIQUE, MOINS DE PROBLÈMES POUR FAIRE UNE ROUTE PLUS LARGE ET PLUS RECTILIGNE .... UNE EXCEPTION.

DES LACS ....

....  DES TOURBIÈRES 

Les tourbières sont un des traits les plus caractéristiques et universellement connus du paysage irlandais; elles composent, dit-on, un sixième du sol national. Elles sont de deux types: celui du littoral où les précipitations abondantes forment avec un taux d'humidité très important une tourbière dite de couverture qui peut atteindre une hauteur de 2 à 6 m, composée essentiellement d'herbes et de plantes herbacées; l'autre, dite tourbière haute, dans les régions centrales moins arrosées, composée de mousse, pouvant atteindre une hauteur de 12 m.

Par leur accès difficile et même dangereux, la tourbière a été de tous temps, un refuge pour les rebelles et les hors-la-loi comme le maquis ailleurs, et a protégé une grande partie de l'Irlande des envahisseurs au cours des siècles.

Après la déforestation quasi complète du pays et le manque de gisements de charbon, la tourbe a été et reste encore le principal, pour ne pas dire le seul combustible disponible pour les Irlandais. Exploitée à échelle industrielle depuis le XX°s. pour fournir l'énergie électrique, elle est aussi exploitée par la plupart des familles en milieu rural; on voit ainsi les gens tailler avec une sorte de bêche des mottes de tourbe qu'ils mettent à sécher, les retournant de temps en temps comme on le fait chez nous pour le foin. Après séchage, les briques de tourbe sont mises en sac pour être ramenées à la maison où elles seront empilées comme le bois dans nos fermes et chalets. Les bonnes années, les familles peuvent ainsi amasser en une saison assez de combustible pour plusieurs années; du moins, ils assurent leur chauffage pour une année complète. L'excédent est vendu. On trouve dans tous les commerces et super marchés, à l'entrée, un rayon tourbe bien approvisionné.

Une autre caractéristique intéressante de la tourbe, c'est son excellent pouvoir de conservation; on a retrouvé ainsi enfouis dans la tourbe des vestiges de forêts primitives et de culture néolithique, et même un manuscrit intact du IX°s.

BRIQUES DE TOURBE SÉCHÉE PRÊTES A ÊTRE ENSACHÉES

TOURBIÈRES A PERTE DE VUE

EXPLOITATION DE TOURBE

...  ET TOUJOURS DU VERT A PERTE DE VUE,  ÉCLAIRÉ ICI ET LÀ PAR LES INFLORESCENCES DE RHODODENDRON

... OU TRANCHÉ PAR LE BLEU PROFOND DES LACS

ÉLEVAGE DE MOULES DANS UN LAC

LA VIANDE DE MOUTON DU CONNEMARA EST RENOMMÉE

 HABITANTS DU CONNEMARA SE RENDANT AU MARCHÉ !

CONG:  JOHN WAYNE ?  QUE FAIT-IL ICI DANS CE COIN VRAIMENT PERDU ?

Cong, petit village de 200 hts, entre deux grands lacs, d'où son nom en gaélique: conga, étroite bande de terre. La famille d'Oscar Wilde y avait une maison de vacances, mais sa notoriété vient du tournage par John Ford en 1952 d'une séquence de son film "Un homme tranquille", avec John Wayne et Maureen O'Hara; histoire d'un boxeur vedette qui après s'être fait une gloire aux States revient en Irlande, son pays natal, pour y trouver épouse. Cette statue en bronze dans le village perpétue donc cet épisode historique.

Un autre fait historique a eu lieu également dans les parages, à l'origine du mot devenu international: le boycott. Le capitaine Charles Boycott gérait les terres d'un propriétaire avec une telle dureté qu'il était évidemment très impopulaire auprès de ses fermiers. En 1880, après avoir expulsé plusieurs d'entre eux pour loyers impayés avec toute la "compassion" qu'on peut imaginer, il a été victime d'un procédé imaginé par la Ligue Agraire qui défendait les paysans, procédé qui allait connaître un succès retentissant et rester en vigueur jusqu'à nos jours: le fameux boycott. Pour ce Charles Boycott qui a "généreusement" offert son nom à cette pratique, la stratégie des fermiers a consisté à l'isoler complètement; on évite ce diable de capitaine et sa famille, on ne leur parle plus, les commerçants ne les servent plus, plus personne ne travaille pour eux; Boycott est obligé de faire venir des travailleurs depuis l'Irlande du nord, protégés par l'armée, et finalement, la situation devenant insupportable, il est obligé de partir, s'exilant en Angleterre.

CURE THERMALE POUR BLANCHETTE ?

LE CROAGH PATRICK

Sommet de 764 m, lieu de pèlerinage des catholiques irlandais fin juillet; St Patrick, du sommet de cette montagne, aurait débarrassé le pays des serpents et autres bêtes venimeuses, ce qui justifie la réputation et la gloire du saint homme, patron de l'Irlande. La montée des pèlerins se faisait la nuit, pieds nus, avec des torches; depuis 1974, pour empêcher les nombreux accidents qui avaient lieu, le pèlerinage se fait le jour.

MAQUETTE D'UN COFFIN SHIP

Coffin ship ou bateau-cercueil; triste rappel à l'actualité. En 1845, début de la grande migration des Irlandais vers des "terres promises"; une grande partie de ces migrants ont embarqué dans ces rafiots, bateaux pourris le plus souvent, qui n'arrivaient pas tous à destination et qui, de toutes façons, arrivant au port, déchargeaient autant de cadavres que de survivants. A l'époque, ces voyages étaient souvent payés par les propriétaires qui souhaitaient profiter de la crise pour récupérer leurs terres pour investir dans d'autres cultures ou pour des raisons financières, et trouvaient ainsi un moyen intéressant pour eux, à moindre frais, de se débarrasser de leurs fermiers. Aujourd'hui, nous les appelons des passeurs; mêmes raisons, mêmes effets, les siècles passent aussi, et la tragédie humaine reste intacte et identique à celle que nous vivons aujourd'hui. 

Ces sculptures où l'on voit des corps décharnés s'accrocher désespérément aux mâts titillent notre mémoire et nous interpellent toujours sur l'inhumanité de l'homme; quel paradoxe !